05.02.2001 19:12 MEZ |
De jeunes louveteaux plein
desprit sur Internet
Le projet
littéraire de Xaver Bayer : die Flut (le flot) |
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Vienne Non décidément, les questions
formelles lintéressent moins. À 23 ans, Xaver Bayer écrit plus volontiers
quil vit en écrivain libre depuis quil a fini ses
études de philosophie et littérature allemande. Un premier roman va paraître à
lautomne aux éditions Jung & Jung. Il habite actuellement à Amsterdam, dans un
de ces appartements réservés aux auteurs étrangers. Là-bas, il passe
laprès-midi allongé sur le canapé à lire ou à écouter de la musique, et
regarde la neige qui tombe du ciel. Cest tout cela et bien dautres détails de
la vie quotidienne dun écrivain (comme par exemple ce quil a mis dans sa
valise pour son départ à Amsterdam, quels CDs, quels livres il a emmenés), dicté par
la récente manie de faire des listes, que lon peut lire dans die Flut, plus
exactement à ladresse www.dieflut.at. Outre lambitieux projet
house de Grond, Zeyringer et Krusch, sorte de salon-débat
virtuel, die Flut de Xaver Bayer est le deuxième forum littéraire autrichien sur le net.
Bayer avoue que le modèle dont il sest servi pour réaliser die Flut en octobre
dernier a été lentreprise en ligne Am Pool, des auteurs Sven Lager et Elke Naters.
Tout comme Am Pool, die Flut se divise en deux parties : une salle exclusive de
publications, réservée uniquement aux auteurs invités, et une plate-forme
décriture ouverte à tous. En ce qui concerne la sélection des
écrivains intervenant, cest le principe du hasard qui a prédominé. Bayer a
ratissé les revues littéraires à la recherche darticles de jeunes auteurs tout
nouveaux. Aujourdhui, outre Bayer, on trouve dans die Flut des publications de
Thomas Ballhausen, Barbara Hundegger, Klaus Händel, Robert Kleindienst, Martin Kubaczek,
Peter Landerl, Denis Mikan, Hanno Millesi, Kathrin Resetarits, Elisabeth Rötsch, Otto
Tremetzberger, Martin G. Wanko, ou encore Benedikt Ledebur, en tant quinvitée. Dans lensemble, cest une vision plutôt désolante de lavenir de la littérature en Autriche qui est offerte à celui qui explore les textes : De nombreux je solitaires se meuvent au royaume du banal. Martin G. Wanko décrit là quelques impressions masculines au Kaffeehaus, à létat brut: La musique est trop forte, celui qui veut passer un coup de fil avec son portable, il peut se le foutre là où je pense, ça lempêchera pas après daller se couler un bronze normalement - ou bien les paroles dun père à propos de sa fille C. : Chaque fois que jentre en relation avec ma fille C., sa pureté, sa tendresse, sa joie de vivre me surprennent, mirritent presque.
Je en méditation Elisabeth Rötsch, au contraire, médite
sur les éternels pigeons de la ville : Tous ces pigeons dans le
Schottentorpassage
près de lUniversité
et à plein dautres
endroits
qui picorent des miettes de pain innocemment, et puis vous passent par
moments à deux doigts du visage et de la tête à une vitesse époustouflante
sont-ils si innocents que cela ? Questions essentielles, aujourdhui
toujours sans réponse. À lexception des textes de deux
auteurs quil fallait effectivement repérer (les brèves intrigues surréalistes de
la réalisatrice de films Kathrin Resetarits et les cercles obsessionnels de Hanno Millesi
qui séternisent autour de lobservation de formes de sexualité publique), le
flot avec lequel Xaver Bayer voulait inonder lAutriche
nest pour linstant quun faible ruisselet doù sécoule
goutte par goutte une imagination qui na pas vraiment libre cours. (DER STANDARD, édition du 6 Février 2001) |